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24/01/2014

Bruissements (30)

 

 

 

Dassault : il est soupçonné de chantage, de corruption, de fraude électorale et  même d’une tentative d’assassinat. Mais qu’on se rassure : Serge Dassault n’ira jamais en prison. Son nom, son âge (88 ans), son passé d’homme politique et de patron de presse protègent ce citoyen pas comme les autres. Mercredi 8 janvier, le Sénat qui devait se prononcer sur la levée de son immunité parlementaire - Serge Dassault est toujours sénateur UMP de l’Essonne -, l’a maintenue d’une courte voix (13 contre 12, plus une abstention) au terme d’un vote à bulletin secret. Des pratiques très républicaines, comme on voit. Ce n’est pas pareil pour Jean-Pierre Bechter, son bras droit et actuel maire de Corbeil-Essonnes. Lui a été placé en garde à vue et entendu par la police. Est-ce que tout cela pourrait inquiéter Serge Dassault ? Il se dit prêt à être auditionné par le juge. Oui, mais en qualité de témoin assisté, tout de même.

 

Régions : la question des régions revient sur le tapis politique ces jours-ci. Par souci d’économie budgétaire, le gouvernement songe à ramener leur nombre de 22 à 15, voire à 10. Le point d’appui de cette réforme pourrait être la loi sur la décentralisation de décembre 2010 qui prévoit ce type de fusions mais par référendum. Juridiquement, ce nouveau découpage est donc possible. Et ses zélateurs rappellent que des régions agrandies seraient aussi plus subventionnées par l’UE. Reste que personne, qu’il soit simple administré ou élu local, ne veut perdre ni son identité ni ses prérogatives. Imagine-t’on la Loire Atlantique aspirée par la Bretagne ou l’Oise par l’Île de France ? D’ores et déjà, François Hollande songe à un système de bonus (pour les régions qui accepteraient la fusion) et de malus (pour celles qui la refuseraient). De belles frondes en perspective…

 

Plans sociaux : comment faire des bénéfices sur le dos des salariés ? En fermant les sites les moins rentables et en licenciant à tour de bras. C’est ce qu’on appelle ordinairement un plan qui n’a de social que le nom. Et, en ce début d’année 2014, cette stratégie n’en finit pas de faire des ravages. Après la fermeture programmée de l’usine Goodyear d’Amiens et la mise au chômage de ses 1200 employés (on sait comment la CGT a réagi, début janvier), c’est au tour du groupe Kering-la Redoute d’annoncer la mise à plat de son site de Tourcoing et le dégraissage en douceur de 1178 salariés sur les quatre prochaines années. Si l’on ajoute à ces deux dossiers le redressement judiciaire de la société Mory Ducros, le dépôt de bilan du groupe électroménager Fagor-Brandt, les pertes continues et les grèves à la SNCM, le bel Arnaud risque d’être très occupé cette année. Reste à savoir ce qui lui est encore possible de redresser dans ce contexte morose.

 

Angleterre : montrer des chômeurs qui profitent allègrement du système de protection sociale, voilà la nouvelle émission de télé-réalité qui fait fureur chez nos amis britanniques. C’est ainsi que la James Turner Street  de Birmingham a été, après le passage des équipes de télévision, rebaptisée Bénéfices Street. De quoi entériner les coupes sombres dans les allocations familiales qu’envisage le gouvernement de David Cameron. Qu’on ne s’y trompe pas : cette guerre contre les pauvres, nouveaux boucs-émissaires de la crise économique, n’est pas que le triste apanage de l’Angleterre en Europe de l’Ouest. On l’a vu  en France sous la présidence de Sarkozy. Et elle pourrait bien réapparaître sous celle de Hollande.

 

Grèce : depuis plusieurs années, la Grèce est le maillon faible de l’Europe et, régulièrement, l’actualité nous la présente sous ses pires aspects. La voici, depuis le 1er janvier, présidente pour six mois de l’U E. Les mauvaises langues se sont, bien sûr, déchainées contre cette présidence paradoxale mais règlementaire du « dernier de la classe ». Soit ! Mais la Grèce, même exsangue et en proie aux conflits internes, n’en reste pas moins  - c’est un lieu commun, je le sais - le berceau historique de la civilisation européenne. En cela, sa promotion momentanée est hautement symbolique, même si elle ne changera rien aux orientations économiques de l’U E.

 

Fénéon : lecture des « Nouvelles en trois lignes » de Félix Fénéon (1861-1944). De quoi parlait-on dans les journaux français au tout début du XXeme siècle ? De romanichels expulsés, de bandes de voyous attaquant les passants, de luttes entre grévistes et non-grévistes, de cumuls des mandats politiques, de canulars à la bombe et de suicidés de tous âges. En somme les mêmes sujets qu’aujourd’hui, 110 ans plus tard…

 

 

 

                     Erik PANIZZA