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04/09/2015

Du crédit planétaire

                               

 

 

 Depuis le 13 août dernier, l’humanité vit à crédit. Autrement dit, selon tous ceux qui l’auscultent et l’expertisent, elle a consommé au cours des huit premiers mois de 2015 la part de ressources naturelles qui devait idéalement couvrir ses besoins énergétiques pour l’année toute entière. Dès lors, elle ne peut plus que puiser outrancièrement dans les réserves de la planète. Il est à noter que le jour de passage au crédit planétaire survient de plus en plus tôt. Ainsi, en l’espace de deux années, il a été abaissé de trois jours. Cela signifie que nous consommons – et produisons – trop,  plus certainement que ce que nous devrions le faire dans la perspective – abstraite – d’un équilibre planétaire. Mais comment parvenir à un tel état de régulation ? Comment endiguer un élan consumériste que des milliards d’individus, en quête de développement à tous les niveaux, invoquent comme un droit naturel ? A quelques mois de la conférence mondiale sur le climat à Paris, ces questions prennent toute leur acuité. Cependant, les intérêts financiers liés à ce mode de vie dispendieux sont tels qu’il ne faut pas s’attendre à un miracle. Dans le collimateur des experts, il y a tout d’abord les pays occidentaux ; pour certains, comme les USA, c’est l’équivalent de deux planètes par an qu’il faudrait si le monde entier consommait comme eux. Ils sont suivis de près par la Chine et l’Inde et, derrière elles, le bloc des pays émergents. Du reste, le problème n’est pas que dans la surconsommation ; il l’est aussi dans une meilleure répartition des biens. Car, en la matière, nous ne sommes pas tous égaux – et donc pas tous responsables. Est-ce que les paysans de l’Ethiopie ou de l’Equateur ont le sentiment de trop consommer ? Je ne le crois pas. Il serait, dans leur cas,  injuste de leur demander des restrictions supplémentaires. Aider ceux qui ont encore besoin de se développer à le faire et introduire des limitations légales à la surconsommation dans les grands pays industrialisés : voilà ce qui pourrait être une formule gagnante pour le XXIeme siècle. La tâche s’avère très difficile. Mais nous aurions tort de ne pas l’entreprendre si nous ne voulons pas que les affamés d’aujourd’hui deviennent notre cauchemar d’ici quelques décennies.

 

 

                           Jacques LUCCHESI