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04/12/2015

Et pour quelques degrés de plus

 

Le scénario est maintenant bien connu. L’humanité, depuis l’entrée dans l’ère industrielle (vers 1850) a déjà envoyé plus de 500 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, accroissant en cent cinquante ans le réchauffement climatique plus qu’elle ne l’avait fait durant les cinq mille années précédentes. Les scientifiques sont formels : à ce stade-là, la terre ne peut plus supporter que 500 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires. Or, à l’allure où nous produisons et consommons, ce plafond pourrait être atteint d’ici la fin de ce siècle, ce qui réchaufferait la température du globe de cinq degrés. Que se passerait-il si nous ne savions pas rester en dessous de ce seuil fatidique ? Eh bien, en été, la température moyenne dans l’hémisphère nord avoisinerait les 45 degrés. Un peu partout les climatiseurs tourneraient à plein régime (ce qui accroîtrait la dépense énergétique) ; la banquise fondrait complètement et le niveau des mers remonterait de plusieurs centimètres ; les maladies tropicales s’abattraient sur l’Europe et l’eau viendrait même à manquer dans nos contrées. Si, au contraire, nous parvenons à limiter le réchauffement climatique à environ 2 degrés, nous pourrons continuer à jouir d’un climat tempéré et des conditions de vie qui l’accompagnent. N’en déplaise aux climato-sceptiques (qui ont intérêt à ce que rien ne change), cette alternative dépend essentiellement de nous. Il faut, dès maintenant, changer nos habitudes consuméristes et miser davantage sur les énergies renouvelables.

Cette urgence et la recherche de solutions qu’elle appelle sont au cœur de cette fameuse COP 21, commencée lundi 30 novembre au Bourget dans les conditions difficiles que l’on sait. Car une telle manifestation (186 millions d’euros de budget, 190 pays participants et 350 conférences programmées) n’implique pas seulement un dispositif de sécurité extrême mais retentit aussi sur la vie des habitants de Paris et de sa périphérie. Le but affiché est de parvenir à réduire de 70 à 40% les émissions mondiales de gaz à effet de serre, et cela d’ici seulement 2050. Reste qu’au-delà des dîners de gala entre chefs d’états et des déclarations vertueuses, cette conférence ne cesse d’achopper sur des questions beaucoup plus matérielles. Car, évidemment, les petits états ne veulent pas être imposés à hauteur des plus grands pays pollueurs (comme la Chine et les USA, 40% d’émissions à eux deux). Ils sont, d’autre part, les plus touchés par les catastrophes naturelles induites par le réchauffement climatique. Conscients de leur responsabilité envers eux, les états occidentaux envisagent de débloquer 100 milliards d’euros pour leurs permettre de soutenir les efforts nécessaires à cette régulation planétaire. C’est beaucoup et c’est peu à la fois ; c’est surtout incertain avec une échéance fixée à 2020. D’où des déceptions et des blocages. Il ne faudrait pas, cette fois, que l’unanimisme et l’enthousiasme des premières journées ne soient pas transformés en mesures concrètes à l’heure du bilan, le 11 décembre prochain. Pour la santé de notre vieille planète.

 

                                    Bruno DA CAPO