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01/03/2019

Les pensionnés du IIIeme Reich

                   

 

Quand on songe aux anciens combattants, on se représente de vieux messieurs portant béret et décorés de la Croix de Lorraine plutôt que des supplétifs de la Wehrmacht, voire de la Waffen SS, qu’ils aient été ou non engagés volontaires. Ce sont pourtant ces derniers qui font l’actualité aujourd’hui, depuis qu’un député belge a pointé cette particularité de l’administration allemande. Ils seraient en effet près de 2000 en Europe – dont 54 en France -  à percevoir encore une pension (allant de 600 à 1200 euros) pour services rendus au régime hitlérien. C’est d’ailleurs Hitler lui-même qui avait promis d’octroyer une prime « pour fidélité, loyauté et obéissance » à ces tacherons anonymes qu’il avait entraînés dans son projet terrifiant. Après lui, l’Allemagne redevenue démocratie n’en a pas moins mis en œuvre sa généreuse promesse pour ces inconnus de l’Histoire qui se sont bien gardés de contester ce prébende, d’autant plus qu’il était transmissible à leurs descendants.

Hélas pour eux, les choses risquent de changer sous peu, maintenant que l’administration fiscale a braqué ses projecteurs sur cette aberration historique. La vérité finit toujours par sortir du puits, même si ça peut prendre très longtemps. Il va y avoir des vieillards plus pauvres en Europe. La faute à qui ? A des Belges dénonçant le laxisme de l’Allemagne contemporaine. Quel moderne Courteline aurait pu imaginer ça ?

 

Jacques Lucchesi

24/04/2012

Hasta la vista, de Geoffrey Enthoven

 


 

 

 Il est des films dont le sujet aurait été impensable deux ou trois décennies plus tôt ; des films qui viennent à point dans une époque pour accompagner  - du moins faut-il l’espérer – l’évolution des mentalités. Tel est, je crois, le cas de « Hasta la vista », de Geoffrey Enthoven. Après « les intouchables » et son phénoménal succès, ce petit film belge est arrivé sur nos écrans voici un mois et a été aussitôt plébiscité par le public. Lui aussi nous parle – avec quel réalisme ! - de handicap mais surtout de la vie et de l’amour, de ce formidable élan vital qui irrigue les corps les plus abimés, les âmes les plus entravées. Il prend ici la forme d’un voyage estival que projettent trois jeunes Belges dont le lourd  handicap – deux sont paralytiques, le troisième est aveugle – astreint à une existence (trop) bien réglée dans le giron familial. Pour quinze jours, ils vont louer les services d’un minicar et d’un chauffeur forcément un peu infirmier. Direction le sud de la France et la route des vins. Ce n’est évidemment qu’un prétexte pour gagner la frontière espagnole et ses bordels florissants. Les obstacles, on l’imagine aisément, ne manqueront pas en chemin. Mais l’appel des corps et  la volonté de vivre pleinement, librement, cette parenthèse ensoleillée seront, d’une façon ou d’une autre, les plus forts. Un périple initiatique d’où tous ne reviendront pas, qui bouleversera la donne du départ. On saluera ici l’interprétation sensible et juste de Gilles De Schrijver dans le rôle du jeune Lars, atteint par une maladie incurable. De même que celle d’Isabelle De Hertogh, qui incarne avec beaucoup de nuances la corpulente conductrice de cet insolite trio. Un film réjouissant et hors normes, dont on ne peut ignorer le message social. Je ne saurai que trop le conseiller  à tous ceux et celles qui persistent à ignorer la sexualité des handicapés et son difficile vécu.

 

 

                            Jacques LUCCHESI