13/11/2015
Mise au point
Là, c’est un journaliste qui se présente dans un espace spécialisé de la Bibliothèque Municipale en vue de trouver un titre pouvant l’aider dans un travail de recherche. Nous sommes en plein milieu de l’après-midi d’un jour de semaine. Il trouve porte close, s’en étonne auprès d’un trio d’employées qui papotent juste à côté. L’une d’elles va chercher la responsable de cet espace de lecture (qui est allée prêter la main à l’organisation d’une exposition). La responsable revient ; le journaliste lui explique le motif de son passage et l’objet de sa demande. Il connaît le titre de l’ouvrage recherché et lui demande qu’on lui ouvre, le temps qu’il prenne son ouvrage et aille le compulser à côté. C’est l’affaire de cinq minutes. Mais la responsable de l’espace lecture refuse sèchement et lui dit de revenir le lendemain. Le ton monte, forcément ; arrive un vigile qui l’interpelle grossièrement, ce qui provoque une dispute. Et c’est finalement le journaliste qui se retrouve traité comme un délinquant, alors même qu’il ne voulait qu’un livre pour son travail dans un lieu théoriquement dévolu au service du public.
Ici, c’est un homme de 57 ans qui se rend au département d’urologie de l’hôpital de la Conception, à Marseille. Il a rendez-vous à 14H15 avec le chirurgien qui l’a récemment opéré pour un nécessaire bilan – rendez-vous qui lui a été fixé voici un mois par l’hôpital. Il se présente à 14H au secrétariat. La secrétaire consulte son ordinateur et lui dit que son rendez-vous était noté ce matin, à 9H30. Il s’en étonne, conteste cet horaire, doute de sa mémoire. La secrétaire lui propose de passer en catimini, mais il y a déjà une vingtaine de personnes dans la salle d’attente. Et comme il ne veut pas passer en fin de journée, il accepte un nouveau rendez-vous fixé au mois suivant. De retour chez lui, il vérifie ses documents et constate qu’on lui avait bien notifié un rendez-vous à 14H15, ce jour-là. Ulcéré, il téléphone par trois fois – mais toujours en vain – au secrétariat d’urologie avant de s’y aller à nouveau. Là, il met la secrétaire en face de son erreur. Mais celle-ci rejette la responsabilité de cette confusion sur le service qui donné le rendez-vous. Il ne faut pas être Sherlock Holmes pour comprendre que c’est le secrétariat qui s’est trompé dans la transcription de l’heure de rendez-vous. Loin de s’excuser pour le désagrément causé, la secrétaire se plaint alors que « tout le monde lui tombe dessus et qu’elle en a marre de toujours subir les remontrances des unes et des autres, etc, etc… ». Ainsi, chacun reste sur ses positions. Au grand dam du patient qui, tout en ayant fait la preuve de sa bonne foi, devra payer d’un mois d‘attente supplémentaire l’erreur manifeste du secrétariat.
Ce sont deux exemples – et il y en aurait beaucoup d’autres – de la dégradation du service public dans ce pays. Les gens qui y travaillent et sont censés accueillir les usagers et les patients se comportent de plus en plus comme des potentats, dans l’irrespect et l’oubli de leur mission première. Et ce n’est même pas la peine de signaler leurs manquements à leurs supérieurs hiérarchiques. Car l’esprit de corps est tel dans ces lieux institutionnels que la parole de la personne lésée est toujours étouffée au profit de l’employé indélicat.
Fidèle à sa vocation première d’une information souterraine, le Franc-Tireur marseillais profite de cette chronique « parallèle » pour rappeler à ses lecteurs qu’ils peuvent lui signaler les abus et autres irrégularités dont ils ont été victimes. Car nous sommes convaincus qu’ils empoisonnent de plus en plus la vie de nos concitoyens. Leurs témoignages, pour peu qu’ils soient correctement rédigés, seront publiés sur ce blog participatif afin de constituer, en temps voulu, des preuves concrètes de tout ce qui doit changer dans notre société.
Jacques LUCCHESI
14:05 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bibliothèque, hôpital, potentats, abus