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23/04/2012

Fin de campagne

 

                       

 

 

 Dès le matin, la différence avec les autres dimanches était sensible dans cette petite commune des Bouches du Rhône. Les gens étaient plus nombreux, moins flegmatiques, dans les rues ; les voitures allaient et venaient avec nervosité. L’ambiance n’était pas à la détente. Vers dix heures, les cloches ont sonné à toute volée dans l’église, sur la place du village : mais était-ce pour appeler les fidèles à la messe ou aux bureaux de vote ? Car l’esprit républicain s’invite partout, certains jours. Les écoles, encore une fois, étaient ouvertes pour les électeurs, décor enfantin de ce grand culte démocratique. Tout y était strictement numéroté et fléché, secteur par secteur, bureau par bureau. On y faisait la queue devant les présentoirs où s’étalaient dix bulletins de vote et de petites enveloppes bleues. Un seul nom, à l’exclusion de tous les autres, pouvait y entrer, petits papiers qui seraient bien vite froissés et défroissés. Rituel de l’isoloir et de ses rideaux trop courts puis, à nouveau, la file d’attente pour le cérémonial ultime des urnes, en présence des thuriféraires assesseurs : a voté ! A en juger par la masse des entrants et des sortants, on pouvait croire que l’abstentionnisme était une maladie en forte régression aujourd’hui. Pourtant, le JT de la mi-journée laissait entendre que le premier taux de participation était inférieur (28 contre 31%) à celui de 2007.Une moyenne nationale, évidemment.  Dehors, sous les arbres, on échangeait ses impressions et ses pronostics comme on parle, habituellement, des résultats du championnat de football. Et cela allait continuer durant tout l’après-midi. A dix-huit heures on a commencé à fermer les portes des bureaux. Tant pis pour les retardataires étonnés d’être précocement forclos. Il faudra penser à venir plus tôt dans deux semaines. Vint le dernier acte de cette mémorable journée, le dépouillement des votes avec la litanie des noms des candidats de ce premier tour. Evidemment, tous n’étaient pas nommés en proportions égales, mais c’est la dure loi de la démocratie. Les regroupements par paquets de dix et les mises au point toutes les demi-heures, sous l’égide du chef du bureau,  ne faisaient que creuser l’écart : certains candidats, boudés par les électeurs, n’atteignaient même pas un nombre décimal, alors que d’autres caracolaient avec des chiffres à deux zéros. Petit à petit se dessinait la radiographie électorale de la commune. Qui n’était – heureusement – pas celle de la carte nationale, connue dès vingt heures.

 

                              Horace DAUDET