Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/02/2017

   Charité bien ordonnée…

                    

 

 

  Être candidat à l’élection présidentielle expose à bien des passions. Le pouvoir suprême, y compris en démocratie, se prend toujours de haute lutte. Et l’on scrute avec un œil jaloux ceux et celles qui le briguent. D’où, souvent, des surprises peu agréables en cours de route. Personne n’a oublié comment Dominique Strauss-Kahn perdît, il a six ans, un crédit politique qui faisait de lui le favori des présidentielles de 2012. La roche tarpéienne jouxte toujours le Capitole. Aujourd’hui, c’est François Fillon qui se retrouve, pour d’autres raisons, dans l’œil du cyclone.

Le candidat autoproclamé de la vérité – aux français – apprend à ses dépens que celle-ci sort parfois du puits. Le sien, en l’occurrence, n’était pas bien profond puisqu’il aura suffi qu’un canard déchaîné fasse un peu de remous pour que tout son « système » remonte à la surface. Car François Fillon a, de toute évidence, la fibre familiale. Et, en bon père de famille, il avait pris soin de mettre la sienne à l’abri du besoin, créant pour sa femme et ses fils des postes sur mesure d’attachés parlementaires. C’est de bonne guerre et personne n’eût rien trouvé à redire si ces postes avaient été réellement occupés,  s’il ne les avait pas fait appointer à des montants  dépassant de beaucoup leur qualification – ou le travail réellement accompli. Certes, il a beau jeu, à présent, de crier au complot institutionnel. Les chiffres, pourtant, parlent d’eux-mêmes et la justice – qui n’a pas encore statué – devra les relier aux déclarations contradictoires qui les accompagnent. Cela risque de prendre bien plus que deux semaines. En attendant, c’est sa dynamique conquérante qui est en berne. Et s’il garde encore, malgré quelques coups bas, du crédit auprès de ses partisans politiques, ce n’est plus du tout pareil à l’échelon national où sa côte s’est effondrée.

Nous savons bien que la politique n’est pas faite par des enfants de chœur. Et que la passion du service public n’exclut pas – loin de là ! – un attrait certain pour les prébendes et les passe-droits qui s’y pratiquent. Mais avec Fillon, c’est le grand écart. Avec lui on a  un candidat qui s’est fait le champion de l’austérité économique. A l’entendre si les français ne se résolvent pas à faire des sacrifices, il ne donne pas cher de la survie de notre nation. Voilà pour l’image publique. Sur le versant privé, c’est différent. Sa rigueur affichée s’efface au profit du népotisme le plus organisé. Le hic, c’est que la séparation entre les deux sphères, publique et privée, n’est pas toujours étanche…Une telle hypocrisie est, évidemment, insupportable pour tous ceux qui peinent à vivre décemment dans cette société. Elle décrédibilise jusqu’au sens même de son programme. Car la probité exige qu’on applique à soi-même ce qu’on préconise pour les autres. Charité bien ordonnée…

 

                        Jacques LUCCHESI