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06/06/2014

6 juin 1944 : une commémoration sur le fil du rasoir

 

 En matière de commémorations nationales, on rencontre souvent deux poids et deux mesures. Il y a celles qui furent longtemps vivaces – comme l’appel gaullien du 18 juin – avant de s’évanouir dans les oubliettes de l’Histoire. D’autres dates perdurent dans notre mémoire collective, mais leur anniversaire est désormais à géométrie variable. C’est le cas pour le débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie. Depuis 2009 et la venue de Barack Obama au mémorial d’Omaha Beach, il était retourné à une quasi confidentialité. Nouvelle décennie oblige : ce ne sera pas le cas pour son 70 eme anniversaire. Pour le coup François Hollande a même vu grand. Car durant tout ce week-end, sur les côtes normandes, ce ne seront que cérémonies, reconstitutions historiques et feux d’artifices. Au total 1800 vétérans, 500 musiciens et 650 figurants assureront le spectacle pour près d’un million de visiteurs. Et c’est sans parler des banquets qui réuniront 9000 invités et 19 chefs d’état, dont le talentueux monsieur Poutine récemment privé de G8. Si l’on ajoute à cela la frénésie médiatique autour de cet évènement depuis plusieurs semaines – un jeu vidéo revisitant le débarquement est déjà sur le marché -, on pourrait presque douter du but initialement annoncé. Celui-ci est pourtant clair : célébrer le sacrifice des milliers de jeunes soldats fauchés par les balles allemandes voici soixante-dix ans. Des garçons venus des Etats-Unis, du Canada, d’Angleterre et aussi de France, lâchés nuitamment dans cette tourmente avec un seul ordre : marcher droit devant et reconquérir, mètre après mètre, ce territoire occupé par les nazis, première étape dans la libération de notre pays. Indiscutablement, leur courage et leur souffrance méritent tous les honneurs de nos contemporains. Mais qu’en sera-t’il, au juste, dans le contexte géopolitique actuel ? Est-ce que cette célébration restera une fin en soi ou se transformera en moyen pour régler des problèmes autrement plus pressants, comme la diminution de la dette de Paribas ou la tolérance des Russes vis-à-vis de l’Ukraine ? Car si nos ennemis d’hier sont devenus nos amis, d’anciens alliés – justement invités ici – peuvent apparaître aujourd’hui comme des adversaires potentiels et il faut plus que jamais jouer de prudence pour assurer le maintien de la paix internationale. Le monde, durant ces soixante-dix années, a certes beaucoup changé. Mais il reste toujours travaillé par de multiples motifs de guerre. Les croix blanches des cimetières normands sont là aussi pour nous rappeler quel est le prix de la paix.

 

 

                         Bruno DA CAPO

05/11/2012

Pour Obama

 

                              

 

 

 A bien des égards les Etats-Unis demeurent un pays déroutant pour les Français. Et plus d’un d’entre nous, s’il le visitait en 2012, risquerait d’éprouver ce sentiment de déshumanisation qui avait accablé Georges Duhamel dès 1930 (in «Scènes de la vie future »). Car l’Amérique d’aujourd’hui reste pétrie de paradoxes. Les aspirations les plus généreuses y côtoient les attitudes les plus rétrogrades et les plus cyniques. Des milliardaires y créent des fondations caritatives après avoir fait fortune par les moyens les plus déloyaux (1% d’Américains détiennent  autant d’avoir que 90%  de la population). Pour financer leurs études, des légions d’étudiants s’endettent pour le restant de leurs vies. Et de nombreux vieillards sont obligés, pour survivre, de travailler jusqu’à la fin de leurs jours, vu la maigreur de leurs pensions-retraites. Dans ce pays qui s’est souvent vanté d’être la première démocratie du monde, la peine de mort se porte plutôt bien et la liberté de pensée est sujette à caution : se déclarer publiquement athée peut encore faire de vous un paria. Si au moins la foi chrétienne de ses dignitaires les inclinait à plus de solidarité  avec les plus démunis (ils se comptent présentement en dizaines de millions). Mais ce sont ceux-là qui, le plus souvent, reprochent à l’Etat d’intervenir en faveur des  pauvres. Car ici l’opinion dominante veut que chacun, riche ou pauvre, n’a que ce qu’il mérite en ce monde et il est, dès lors, vain de s’en prendre au système. C’est pourtant ce système qui a produit la crise des sub-primes en faisant miroiter, à des millions de malheureux, la possibilité d’accéder à la propriété individuelle. Et il n’est nul besoin de s’attarder ici sur la ségrégation raciale qui a caractérisé la société américaine jusqu’à ces récentes décennies.

Cet état de choses profondément injuste et inégalitaire, un homme s’est donné pour mission de l’améliorer et le peuple américain, dans sa grande diversité, l’a porté à a présidence en 2008. Quatre ans plus tard, Barack Obama est de nouveau candidat à sa propre succession. Certes, son bilan est mitigé et il est loin d’avoir tenu toutes ses promesses. Il n’a pas ainsi pu faire plier les grands financiers de Wall-Street ni mettre un terme à la guerre en Afghanistan, malgré l’élimination de Ben Laden en 2011. Et Guantanamo, ce symbole des années Bush, n’a pas été fermé, quoiqu’il ait pu dire. Mais il a néanmoins entrepris des  réformes sociales dont la couverture santé pour 32 millions d’Américains  défavorisés reste la plus emblématique de ses quatre années passées à la Maison Blanche. Face à lui, il a Mitt Romney, un homme issu de l’Establishment, ex-évêque mormon, ex-homme d’affaires enrichi et gouverneur en titre du Massachusets. Un homme qui ne fait pas figure d’extrémistes chez les Républicains mais qui reste quand même opposé à l’intervention de l’Etat dans le marché ainsi qu’à la recherche biologique de pointe. S’il venait à être élu, mardi  6 novembre, c’est une Amérique arrogante et idéaliste qui réapparaitrait sur la scène internationale. Quant aux pauvres et autres assistés, ils n’auraient plus, pour se soigner, qu’à s’en remettre à la charité des églises de toute obédience.  Gageons que la majorité des 100 millions d’électeurs américains optera demain pour le programme, autrement plus rationnel et plus moderne, du président démocrate. C’est la condition nécessaire pour qu’il puisse terminer  son travail de réajustement, tant social que diplomatique, d’un pays encore puissant mais qui n’est plus le centre absolu du monde. Il sera toujours temps de dresser, en 2016, son bilan définitif.

 

 

                                             Bruno DA CAPO 

What else ?

 

                       

La campagne d’Obama qu’on croyait en perte de vitesse a repris du poil de la bête. Et ce, grâce à Sandy. Merci Sandy ! Enfin, non pour la catastrophe, les morts et sinistrés du New Jersey, ça va de soi ! Ni même pour les dégâts nombreux et toutes les misères qui en découlent. Merci d’avoir remis Barack en selle ! En quelques heures, on a vu le Grand Capitaine mener de main de maître la crise provoquée par la tempête. On l’a vu compatir, écouter, parler à ses concitoyens comme il sait seul le faire. C’est bien sûr du grand art, une technique éprouvée. Mais on ne peut que saluer le professionnalisme de Barack. Voilà un gars qui sans ambages monte au créneau et prend les choses en mains ! Il y a en lui tant d’empathie pour les gens sinistrés qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’il tient là le rôle de sa vie. Clooney, l’un des soutiens du clan Barack et qui n’est pas franchement mauvais en qualité d’acteur, est enfoncé. What else ? Vas-y Barack ! Ne te laisse pas semer dans les sondages par le « représentant de commerce » Romney ! Joue-la mimique Actor’s studio ! Fais-nous ton show ! N’oublie pas que ta compassion est passée au laser par des millions de spectateurs ! J’arrête là, car dire que l’élection à la présidentielle dans un pays comme les Etats-Unis tient trop souvent du cirque médiatique est un truisme. Où se niche donc la démocratie dans cet étrange barnum qui n’existerait pas sans des tonnes d’argent ? Et qui l’emportera : les programmes des deux candidats ou les images qu’ils laisseront sur les rétines ? Je vous le donne en mille ! Il y a huit jours, Obama était encore au plus bas, talonné par Romney... Voilà qu’une tempête lui sauve mise ! Tant mieux ! Car pour moi il est clair que si j’étais américain, j’irais voter avec en tête la scène où le héros Barack enlace une mamie défaite par la tempête et qu’on le voit – en gros plan sur l’écran – réellement affecté et en état total compassionnel. Nul doute, plus j’y pense, plus je me dis qu’il sera réélu. Comme quoi une élection parfois ne tient à rien...J’en suis pourtant ravi, même si Barack l’emporte grâce à Borée et Neptune !

 

                                                    Yves CARCHON