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02/01/2015

Politique et météorologie

                      

 

 La France a froid. A peu près comme tous les hivers. Elle a froid comme elle avait chaud six mois plus tôt. Tout cela est, après tout, très normal, sauf que depuis quelques jours, les changements de température font la une de tous les journaux télévisés. Cinq ou six degrés en moins, des chutes de neige qui retardent la circulation dans les régions montagneuses et l’on croirait presque que le pays tout entier est paralysé comme après une véritable catastrophe naturelle. Du coup, les problèmes du monde actuel sont relégués au second plan : la guerre démentielle en Irak et en Syrie, la fracture ukrainienne, les critiques de Poutine envers l’OTAN qui se rapproche un peu trop de ses frontières. Et ne parlons même pas des vociférations paranoïaques de Kim Jong Un contre Obama. En  l’espace d’un week-end, tout cela est devenu moins urgent, moins intéressant que l’hiver et ses frimas. On redécouvre soudain les réalités les plus basiques de la vie. Le froid, ça nous affecte tous d’une façon ou d’une autre. Et charité bien ordonnée….L’ennemi n’était pas là où on le croyait. On l’imaginait hors de nos (poreuses) frontières; il est juste  au coin de la rue, sous la forme d’une plaque de verglas. Il est vrai aussi qu’on nous a tellement parlé de réchauffement climatique que nous sommes surpris quand les fleurs n’éclosent pas en décembre. Finalement, la nature n’est pas si folle. Mais alors, où est l’erreur ? Et de nous tourner comme un seul homme vers les présentatrices météo : non plus pour détailler leurs courbes et leurs tenues vestimentaires mais pour écouter religieusement leurs prévisions : « Mardi, la  perturbation devrait s’étendre  aux régions situées en dessous de la Loire. Mais un redoux est prévu pour le week-end prochain grâce à l’anticyclone en provenance de  la Manche. » Voilà, la grand-messe du temps présent. Voilà nos nouvelles pythonisses. La météorologie est désormais la reine des sciences, surtout à chaque solstice. On a fini par comprendre que l’être humain est bien plus influencé par les variations climatiques que par les positions astrales. La carte du ciel n’est plus celle des astrologues. Dans le cœur des Français, Catherine Laborde a triomphé d’Elisabeth Tessier. Si le froid perdure,  ce sont les statistiques économiques et leurs oiseaux de malheur (comme François Lenglet) qui seront relégués aux oubliettes. Quand on souffle sur ses doigts, on ne pense plus au « trou » de la  Sécurité Sociale et à tout ce qui va augmenter en ce début d’année. Et la politique dans tout ça ?  Tout comme le trêve des confiseurs, la neige c’est du pain bénit pour nos dirigeants. Elle leur permet de se faire oublier un peu et - pourquoi pas ? -  de prendre des vacances d’hiver. Momentanément, ils laissent la nature parler à leur place. Tant qu’elle ne produit pas de véritable évènement…

 

 

                             Jacques LUCCHESI

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