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17/07/2014

Livret A : ils ont osé !

           

 

Ah ! Nous étions contents en 2012, pauvres petits épargnants que nous sommes ! Pensez donc ! Le livret A, notre bas de laine national, allait être relevé de 15 000 à 30 000 euros. Et comme le taux d’intérêt annuel était à 2,25%, nous pouvions déjà calculer notre pactole. Et songer aux vacances qu’on allait pouvoir se payer avec. Les sectateurs de l’Ecureuil, les mystiques du ramasse-gland – c'est-à-dire la moitié de la population française – cessaient d’être des ringards aux yeux des experts financiers. Le livret A redevenait tendance, un bouclier doré par temps de crise. Deux ans plus tard, il nous faut encore déchanter. Le plafond des dépôts a certes été relevé, mais il stagne à seulement 22 950 euros : atteindra-t’il jamais les 30 000 annoncés ? Et le taux d’intérêt s’est effondré, d’abord à 1,25% puis, à partir du 1er août, à 1%. 1% : jamais il n’a été aussi bas depuis la création de ce système d’épargne familial. 1%, c’est même le minimum défini en 2009 par Christiane Lagarde. Le plancher, le ras des pâquerettes, le degré zéro du rendement financier. Le calcul est facile à faire pour qui a 1000, 5000, 10 000, 20 000 euros laborieusement économisés et placés sur ce qui fut notre petit livret rouge. A quoi il faut ajouter des correctifs – dates de dépôt ou de retrait dans l’année écoulée – cette comptabilité bancaire, régalienne et tatillonne, qui grignote toujours un peu l’intérêt net versé à l’épargnant. Pas de quoi se payer un voyage d’hiver aux Seychelles. Si vous n’êtes pas heureux, vous pouvez toujours aller voir ailleurs et placer votre argent dans une banque « online », voire même l’échanger contre des bitcoins. Mais nous sommes devenus trop frileux pour ce genre d’aventures financières. L’état le sait bien, qui joue sur notre manque de hardiesse, sur nos habitudes de gagne-petit, sur le souvenir de nos trop nombreuses désillusions boursières – d’Eurotunnel à Vivendi – depuis douze ans. Seulement, pendant ce temps, nos 350 milliards d’euros épargnés circulent et participent à la création de nouveaux chantiers, à la vivification de l’économie nationale. Jamais l’état ne se sera fait prêter de l’argent à si bon marché. Jamais la supercherie (qui consiste à relever le plafond des dépôts pour mieux abaisser le taux d’intérêt) n’aura aussi bien fonctionné. Les locataires de Bercy sont de grands illusionnistes. Quel gouvernement nous rendra les 4,5% du printemps 1986 ? Certainement pas celui-là ! Mais est-ce que les Français retiendront la leçon ?

 

 

                            Mister SHAKE

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