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21/03/2014

Bruissements (33)

 

 

Affaires : les « affaires » se succèdent à un rythme accéléré en ce début d’année. Joutes oratoires ou malversations, elles contribuent à décrédibiliser la classe politique dominante aux yeux des Français et à faire le jeu des extrémismes. Copé et Bygmalion, Buisson et ses cassettes, Sarkozy et ses multiples casseroles judiciaires : partout s’étalent le cynisme et la corruption de nos anciens gouvernants - qui crient, naturellement, au complot et à la vengeance des juges. La justice peut-elle faire son travail sereinement dans ce climat délétère ? A cela s’ajoutent maintenant les écoutes de l’ancien président (qui parle de méthodes comparables à celles de  la Stasi, maintenant). Devait-on user de ces basses manœuvres avec lui ? Sûrement pas. Encore que cela n’étonne personne en cette époque d’espionnage mondialisé. Personne sauf quelques ministres qui semblent découvrir ces vieux procédés : quelle hypocrisie ! Malgré tout, les mensonges de Christiane Taubira sont quand même moins graves que les faits reprochés à Sarkozy et à ses sbires. Seul Copé, maître en pirouettes verbales, voudrait faire croire le contraire, histoire de noyer le poisson. Mais il ne parviendra qu’à se rendre un peu plus ridicule à l’opinion publique. Il y a les pourris et les maladroits et chacun sait, dans ce pays, où les uns et les autres se situent. Du reste, on aurait tort de penser qu’il n’y a que des tièdes chez les socialistes. Car on y trouve aussi des idéologues dangereux – et dangereuses – qui visent à changer les bases de la société française. Contre l’avis des Français mêmes.

 

Manifs : des retraités qui protestent contre les menaces pesant sur leurs retraites complémentaires et la baisse de leur pouvoir d’achat, ça peut encore faire sourire. Des intermittents du spectacle dans la rue pour défendre leur régime d’indemnisation face au rouleau compresseur du patronat, c’est mauvais signe. Des organisations syndicales presque toutes unies pour dénoncer le « pacte d’irresponsabilité » du gouvernement, c’est salutaire. Parce qu’enfin, pense-t-on sérieusement que les patrons français vont créer de nouveaux emplois à hauteur du cadeau fiscal (30 milliards d’euros) qui leur a été fait par Hollande ? Notons quand même que ce dernier a réussi à faire changer de cap la notion d’assistanat- des plus pauvres vers les plus riches. Encore un de ses tours de farce…

 

Pollution : le printemps est en avance, cette année, et la plupart des gens s’en réjouissent. Erreur, car la pollution aux particules fines accompagne cette douceur anticyclonique comme son ombre – si j’ose dire. Des pics encore plus hauts que ceux de décembre dernier et qui ont fait placer en état d’alerte pas moins de trente départements français, entre le 8 et le 17 mars derniers. Les véhicules à moteur en sont, bien sûr, la principale cause. Mais que font les pouvoirs publics contre cet état de choses ? Ils encouragent les moins vaillants à rester chez eux, offrent quelques journées de transports en commun gratuits aux Parisiens et instaurent, avec huit jours de retard, une – seule – journée de conduite alternée. A défaut de taxer enfin le diesel à hauteur de l’essence, le gouvernement continue de nous enfumer.

 

Boeing : les recherches se poursuivent pour essayer de retrouver la trace du Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparu des écrans radars le 8 mars. Des recherches, à présent internationales, qui passent au crible terre et mer dans un rayon de plusieurs milliers de kilomètres, mais sans pouvoir nous apporter le moindre éclaircissement. La piste d’un acte terroriste ayant été à peu près écartée, que reste t’il comme hypothèses à ce mystère ? Aurait-il été abattu par un missile? Y aurait-il un Triangle des Bermudes bis dans la mer de Chine ? Il ne doit pas manquer, çà et là, d’ufologues pour donner des explications à cette inquiétante disparition. Mais sommes-nous prêts à les entendre ? Un jour prochain, on fera sans doute un film sur ce fameux vol MH370. Pour le moment, silence on cherche.

 

Centrafrique : la Centrafrique va-t’elle devenir, vingt ans après, un nouveau Rwanda ?  Elle en prend, en tous les cas, le chemin depuis quelques mois. Après les exactions des milices musulmanes de la Séléka, c’est au tour des anti-balaka, groupes armés prétendument chrétiens, de faire régner la terreur dans la population - du moins celle qui suit les préceptes du Coran. Les cadavres s’amoncellent dans les villages et les méthodes des tueurs sont toujours aussi cruelles. A ce tableau sanguinolent s’ajoute maintenant la famine qui menace des centaines de milliers de personnes. Sans parler de la criminalité qui croît en toute impunité. Face à l’imminence de la catastrophe, le gouvernement centrafricain s’affole, fait appel à la France qui fait elle-même appel à l’Union Européenne pour renforcer ses effectifs (environ 2000 soldats) qui peinent à maintenir un peu d’ordre dans ce vaste territoire – 623 000 Kms2 - , même avec l’appui des forces de l’Union Africaine. Mais ces renforts – un millier d’hommes – n’arriveront pas avant fin avril. Reste l’ONU qui envisage- mais pour quand ? -  l’envoi d’une force de 10 000 Casques Bleus. On comprend mieux pourquoi l’Afrique demeure, hélas, un vivier privilégié pour le TPI.

 

Crimée : c’était joué d’avance : la Crimée, par la voie des urnes, a dit « oui » - à 97% - pour un retour dans le giron russe, soixante ans après son indépendance. Mais avait-elle vraiment le choix, avec les bataillons et les tanks russes dans son dos ? Une annexion en bonne et due forme qui rappelle des heures sombres de notre histoire récente. Mais qui aurait pu penser que Poutine allait laisser s’échapper sans réagir cette partie si stratégique de l’Ukraine, malgré ses aspirations à l’autonomie ? La question, à présent, est de savoir s’il va en rester là ou poursuivre, avec d’autres états limitrophes de la Russie, sa politique ouvertement impérialiste. Après tout, il aurait presque tort de s’en priver car il n’y a personne, dans cette partie du monde, qui peut, militairement parlant, lui tenir tête. Personne et surtout pas l’U E qui, malgré ses cinq-cents millions d’habitants, reste tragiquement dépendante des USA pour sa défense. Evidemment, ses dirigeants élèvent le ton pour la forme, annoncent – c’est risible - quelques sanctions économiques contre des seconds couteaux du pouvoir russe. Mais, au fond, ils mesurent parfaitement leur impuissance et n’espèrent qu’une chose : continuer à commercer avec Poutine, ce qui est encore la meilleure façon de tempérer ses appétits de conquête territoriale. D’ailleurs, qui voudrait, en Europe de l’Ouest, aller se battre et mourir pour l’Ukraine ou la Moldavie ? « La justice sans la force n’est rien. » Disait déjà notre cher Pascal. Quatre siècles plus tard, rien n’a changé sous le soleil.

 

 

                      Erik PANIZZA

14:09 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stasi, manifs, boeing, crimée

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