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18/06/2013

Bruissements (22)

 


 

Retraites : la question des retraites est actuellement le sujet politique le plus préoccupant en France. Et quoi de plus normal puisque tous les Français, de près ou de loin, sont concernés. Il n’a pas pesé pour rien dans la défaite de Sarkozy, l’an dernier, et le peuple de gauche, dans sa majorité, attendait de François Hollande une révision ferme de la loi Fillon (novembre 2010). Or, force est de constater que celui-ci tergiverse sur ce dossier et, finalement, tente de poursuivre avec des aménagements les réformes entreprises par son prédécesseur. Au motif que la durée moyenne de la vie s’est notoirement allongée, il voudrait ainsi porter la durée des cotisations-retraites de 40 à 42 ans, voire 44 ans. On voit sans effort de calcul à quoi peuvent s’attendre les jeunes – et ils sont nombreux – qui prennent leur premier emploi à 26 ou à 28 ans, aujourd’hui. Doit-on accepter de travailler jusqu’à 70 ans parce que l’on peut espérer vivre jusqu’à 85 ans – d’ailleurs dans quelles conditions - ? N’y a-t-il pas une limite naturelle, aujourd’hui comme demain, où le corps humain ne peut plus fournir d’efforts soutenus et réguliers ? Comme le disait avec pertinence le leader du Front de Gauche, si les gens vivent plus vieux, c’est aussi parce qu’ils travaillent moins. Vieille rengaine qui a, au moins, le mérite de pointer la régression sociale là où l’on parle d’ajustement à la réalité. La volonté de faire porter une partie du poids des réformes sur les actuels retraités n’est pas moins contestable. Pour certains, il n’est pas acceptable que les retraités vivent mieux, aient plus d’avoir que les jeunes ménages. Et d’entonner le refrain galvaudé de la solidarité intergénérationnelle. Mais se sont-ils demandé comment ont vécu les actifs d’hier pour bénéficier maintenant d’un relatif confort financier ? N’ont-ils pas trimés et souffert, eux aussi ? N’ont-ils pas été assez pressurés pour qu’on veuille encore réduire leur pouvoir d’achat? Le pire est encore que ce stupide discours trouve un écho, voire un aval, chez les retraités eux-mêmes. Certains se culpabilisent, vont jusqu’à trouver injuste d’avoir plus d’avantages que leurs descendants : comme s’il n’était pas normal d’être plus riche à 65 ans qu’à 25. C’est contre ce formatage bêtifiant des esprits que le Franc-Tireur entend réagir. Plus personne ne doit avaler de telles couleuvres, qu’elles soient estampillées de Droite ou de Gauche.

 

Méric : que la vie ne soit pas juste, nous le savons tous intuitivement et les probabilités de vivre jusqu’à un âge avancé seront toujours démenties par les accidents individuels. Ainsi le parcours de Clément Méric, qui s’est refermé à seulement 18 ans par un beau soir de juin. Quelles qu’en soient les causes, la mort d’un jeune homme laisse toujours un goût amer. Mais ce qui n’aurait pu n’être qu’un fait-divers sordide (comme il s’en produit hélas fréquemment) a pris aussitôt une dimension politique. Car Clément Méric a été frappé à mort parce qu’il affichait ouvertement ses convictions gauchistes. Ce n’est pas nouveau dans notre histoire et, par le passé, d’autres jeunes gens ont connu le même sort que lui pour les mêmes raisons. Mais voilà, dans la France de 2013, ce genre d’homicides n’est plus supportable ; il accuse, bien plus qu’il n’excuse, leurs auteurs. Pour mettre un terme à l’instrumentalisation politicienne de cette affaire, Jean-Marc Ayrault a donc demandé la dissolution des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires – groupuscule d’extrême-droite auquel appartenait l’assassin de Clément Méric. Mais nous vivons dans un état de droit et il faut encore que la justice entérine cette demande gouvernementale. De toutes les façons, elle ne règlera pas le problème de la violence extrémiste et de la séduction qu’elle exerce sur des jeunes en rupture avec les valeurs démocratiques. Car le danger, dans nos sociétés, ne vient pas seulement que des militants islamistes. C’est ce que cette triste affaire nous rappelle.  

 

Marseille-Métropole : déception pour les 109 maires des Bouches du Rhône qui ferraillaient avec l’Etat depuis trois ans autour du projet Marseille-Métropole. Celui-ci a finalement été adopté par le Sénat, mardi 4 juin, à l’instigation de Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation. Une victoire, selon elle, pour les habitants de ce territoire qui verront ainsi leurs problèmes traités à la bonne échelle. Evidemment, il y a encore des « résistants » parmi les élus locaux : on ne renonce pas aussi facilement à son autonomie et à ses petits privilèges. Mais malgré la fronde annoncée, il y a toutes les chances que le projet de Marseille-Métropole, après celui du Grand Paris et de la métropole lyonnaise, prenne effet en janvier 2016. Gageons, en attendant, que ces doléances coloreront la campagne des municipales de 2014. 

 

 

                                               Erik PANIZZA

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