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05/04/2013

La terreur de Pyongyang

 

                   

 

 

 Amer destin que celui d’un dictateur de seconde main. Il ne sait que trop bien qu’il ne jouera jamais les premiers violons au niveau international. Alors, il en rajoute, se tape sur la poitrine – une poitrine souvent décorée de breloques imméritées – pour tenter d’effrayer l’opinion publique. Et parfois, il va jusqu’à provoquer une guerre éclair au motif de l’honneur national bafoué, par vanité personnelle en fait. Tout cela n’en obéit pas moins à une forme de rationalité. Car en désignant violemment un ennemi externe, il vise aussi à fédérer les énergies et museler toute opposition à l’intérieur de ses frontières. Orwell le savait bien : « la guerre c’est la paix » - la paix chez soi pour préciser les choses. Cette stratégie du pire est manifestement celle adoptée par Kim-Jong-Un, grand timonier  héréditaire de la Corée du Nord. En décrétant l’état de guerre avec son voisin, la Corée du Sud, en lui interdisant l’accès au complexe industriel commun de Kaesong,  il entend montrer au monde qu’il est le digne successeur de son père, Kim-Jong-Il, lequel avait porté l’esbrouffe au niveau d’un art. Certes, il y a derrière tout ça un passé qui ne passe pas. C’est d’abord l’occupation japonaise durant le deuxième conflit mondial,  laquelle n’a jamais entrainé la moindre repentance de la part de Tokyo. C’est ensuite la guerre idéologique avec la Corée du Sud qui s’est terminée, en 1953, par un compromis frontalier bien plus que par un véritable traité de paix. Comment s’étonner, dans ces conditions, que de temps à autre, ce passif remonte à la surface ? A cela s’ajoute l’interdiction onusienne – c'est-à-dire américaine – de développer des recherches nucléaires à caractère militaire. Comme l’Iran en ce domaine, la Corée du Nord est en permanence scrutée – et parfois montrée du doigt – par ceux qui entendent bien rester les gendarmes du monde. D’où la rébellion tonitruante du fils prodigue de Pyongyang. A l’extrême, Kim-Jong-Un sait qu’il peut compter sur le soutien de la Chine capitalo-marxiste de Xi Jinping, même si celle-ci a plus d’intérêt à jouer les modérateurs que les fauteurs de guerre. Du reste, les USA prennent au sérieux les menaces nord-coréennes de frapper des bases américaines dans le Pacifique, renforçant ces jours-ci leur surveillance aérienne. Quelle que soit l’arme employée, même sur des objectifs sud-coréens, la riposte de Washington serait immédiate et Kim-Jong-Un le sait bien. Le problème est bien, à présent, qu’il en a trop dit et trop fait pour faire amende honorable sans perdre la face, tout d’abord aux yeux de son propre peuple. D’où une possible attaque, par pure fierté martiale, sur des cibles américano-coréennes. Avec les conséquences, même limitées à cette région du monde, que l’on imagine.

 

 

                             Bruno DA CAPO

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