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06/01/2011

Logement : l’autre face de la crise




 Ça se passe à Marseille, rue de la République, où une famille de Marseillais d’origine vietnamienne est expulsée manu militari de l’appartement qu’elle occupait pourtant en toute légalité. Motif de cette intervention de la force publique : la société américaine de fonds de pensions  Atemi/Lehman Brothers – ça devrait vous remémorer quelque chose -, qui est propriétaire de l’immeuble, voulait le récupérer pour le rénover et augmenter en conséquence ses loyers.
Ça se passe à Paris, place des Vosges, où un groupe d’étudiants pauvres a squatté un immeuble inoccupé depuis des années. Sa propriétaire, une octogénaire fortunée, finit par en être informée et réclame aux étudiants, par l’entremise de ses avocats, une somme de rappel exorbitante, (alors même que les jeunes gens lui proposaient un dédommagement à la mesure de leurs moyens). Depuis cette affaire, soutenue et médiatisée par le collectif Jeudi Noir, fait l’objet d’une procédure judiciaire.
Ces deux exemples, parmi des dizaines d’autres, illustrent les difficultés à se loger décemment que connaissent actuellement de très nombreux Français. Non seulement ils ne peuvent pas accéder à la propriété – ce qui était, rappelons-le, une mesure phare du candidat Sarkozy en 2007 -, mais ils n’arrivent même pas à trouver, en tant que locataires, des appartements salubres et pas trop chers. Le problème est particulièrement aigu en Ile-de –France et en PACA, régions à fortes demandes parce que bénéficiant des meilleures infrastructures. D’où la pénurie de logements disponibles. D’où le marché scandaleux des caves et des chambres de bonnes. D’où l’augmentation vertigineuse des prix de l’immobilier - 20% de plus à Paris, en 2010 !-. Pourtant, un simple coup d’œil sur les listes des agences suffit pour juger de la disproportion entre les tarifs affichés et les produits proposés.
La spéculation inquiétante que connaît ce secteur depuis une dizaine d’années – conséquence de l’éclatement de la bulle boursière – est renforcée par la trop faible construction de logements sociaux en France. Sans même parler que bon  nombre d’entre eux sont loués à des ménages aisés, dont les revenus devraient pourtant les exclure de cette alternative. Là non plus l’Etat ne remplit plus sa mission, laissant aux municipalités le bon soin de ces chantiers pourtant urgents.  Certaines, comme Neuilly, sont particulièrement habiles pour contourner la législation, préférant payer avec l’argent public des pénalités  de retard, ce qui leur revient  moins cher que de satisfaire à leurs obligations.
Il n’empêche : le droit au logement reste pourtant fondamental dans notre république. Il ne suffit pas que les journaux en parlent  lorsque reviennent les premiers froids. Il ne suffit pas de se satisfaire de la trêve hivernale des expulsions. Il faut que ce secteur incontournable du bien public devienne une priorité dans les programmes de tous les prochains candidats.  

                                                Bruno DA CAPO

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