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04/11/2016

Que reste-t’il de Mitterrand ?

 

 

 

 

 Elle a commencé et se termine sous les mânes de François Mitterrand, cette année 2016. D’abord le 8 janvier, pour le vingtième anniversaire de sa mort. On se souvient sans doute que les ténors du parti socialiste, François Hollande en tête, sont allés en pèlerinage sur sa tombe à Jarnac (sa ville natale). Mercredi 26 octobre, au Louvre, c’est le centenaire de la naissance de son auguste prédécesseur que le locataire actuel de l’Elysée a commémoré dans un discours, certes élogieux, mais tout en nuances ; un discours dans lequel beaucoup ont cru entendre qu’il parlait surtout de lui-même et de ses présentes difficultés. Car, on le sait bien, un François peut en cacher un autre.

Entre temps, il y a eu de nombreuses biographies qui ont éclairci un peu plus le « mystère Mitterrand » et surtout, en septembre, la publication de sa correspondance intime avec Anne Pingeot par les soins de l’intéressée. On savait que le défunt président était un homme de culture, auteur de mémoires et d’essais, mais pas qu’il avait aussi une plume de poète. On le savait grand séducteur ; voici qu’on le découvre, dans ces quelques mille pages,  en amoureux éperdu d’une femme raffinée, de vingt-sept ans sa cadette, qui deviendra son épouse officieuse en même temps que la mère de sa fille Mazarine.

Le portrait semble complet et on peut se demander si, à l’avenir, il se trouvera un auteur pour y ajouter une nouvelle touche - ou simplement l’éclairer sous un jour nouveau. L’inventaire de ses deux septennats a été fait depuis longtemps et ses héritiers, même avec moins de panache, occupent encore le haut du pavé. Quant à l’homme politique, sa place dans l’histoire de notre pays est indiscutable, même si d’aucuns lui préfèrent, dans la famille socialiste, les figures de Jean Jaurès et de Léon Blum. L’espace public porte aussi sa trace puisque Mitterrand, dans sa fièvre bâtisseuse, aura pris soin de s’auto-célébrer avec des réalisations aussi considérables que  la Pyramide du Louvre et la nouvelle bibliothèque nationale (à qui il a légué son nom).

Une telle vie a forcément quelque chose à nous apprendre sur l’aventure humaine que chacun de nous essaie de perpétuer, même avec moins de brio. S’il y a une leçon à tirer de « l’étoile Mitterrand », elle est sans doute plus à chercher du côté de sa personnalité que de son œuvre politique. Secret, ambitieux, opportuniste, déterminé à la conquête du pouvoir, Mitterrand a fasciné son entourage, soulevant de grands espoirs, entrainant de grandes déceptions aussi. Sans doute avait-il l’art de synthétiser les nombreuses contradictions qui l’habitaient. Homme de toutes les volte-faces et de toutes les manipulations, il fut aussi celui des grandes amitiés contre vents et marées (comme avec René Bousquet). On ne gouverne pas sans une bonne dose de liberté vis-à-vis de l’opinion publique. Autant d’aspects plus ou moins troubles qui en font  un exemple pour tous ceux qui voient dans la politique le meilleur moyen, à l’ère démocratique, de changer de condition et de s’élever dans la hiérarchie sociale.

 

 

                   Jacques LUCCHESI